Réseau québécois de la télésanté
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Des économies pour la population et la planète grâce à la télésanté

9 mars 2023
Par Rudolph De Patureaux et Mathieu St-Gelais, CHUM

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Médecin effectuant une consultation virtuelle avec un patient
Le Dr Frédéric Lavoie pendant une séance de téléconsultation.

Les coûts en santé représentent une très grande proportion du budget de l’État québécois. En 2021-2022, les dépenses affectées au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dépassaient les 54 milliards de dollars, représentant ainsi 40 % du budget total de la province. Si ce sont les citoyens qui financent les services en santé par le biais des impôts, il est également important de souligner que les bénéficiaires de ces services en assument les coûts indirects. Pensons notamment aux heures de travail manquées pour se rendre à un rendez-vous ainsi qu’aux dépenses liées aux déplacements, aux repas et même à l’hébergement dans certains cas. Il n’est donc pas étonnant que le sujet des coûts en santé retienne si souvent l’attention des médias et de la population en général. Nous croyons que la télésanté, déjà reconnue pour son offre de service avantageuse sur le plan de l’accès aux soins et services, pourrait faire économiser de l’argent à la collectivité et, du même coup, réduire l’empreinte carbone!

L’étude du CHUM

Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) veut apporter sa contribution à la quantification des économies liées à la prestation de services de santé virtuels. Ainsi, son service de la performance des activités de télésanté a mis en place une matrice sociale, économique et écologique. L’outil a été validé par l’économiste de la santé de l’établissement. Cette matrice démontre comment la télésanté peut faire économiser de l’argent, du temps et de l’énergie aux personnes fréquentant l’établissement. Et ce, tout en favorisant le maintien à domicile et, bien entendu, sans compromettre la qualité des services!

Pour ce faire, un nombre important de données a été saisi dans le calculateur : code postal, kilomètres parcourus, coût moyen par kilomètre, valeur des repas pris, nombre de nuitées à l’hôtel, temps de travail perdu, kilogrammes de CO² consommés, etc. Le tout a été pondéré par d’autres variables pour considérer les coûts encourus par une personne recevant son service de téléconsultation à domicile. Par exemple, le coût du repas pris à la maison, ou encore les coûts pour l’établissement tels que l’achat et le maintien des serveurs informatiques pour assurer des services virtuels.

Des chiffres qui parlent

L’étude menée en 2022 s’est appuyée sur un échantillon de 500 personnes suivies à la clinique du sommeil du CHUM. L’exercice a permis de démontrer que grâce aux téléconsultations, l’établissement a pu faire économiser à ces personnes environ 188 $ chacune, soit un total de près de 100 000 $. Certaines d’entre elles résidant en région plus éloignée ont économisé jusqu’à 1 000 $ par consultation! En prime, le CHUM et ces 500 personnes, en optant pour la télésanté, ont réduit les émissions de CO2 de 10 tonnes.

Dans le cas où cet exercice statistique se serait étendu à toutes les téléconsultations réalisées au CHUM au cours de l’année civile 2022 (8 400 actes cliniques recensés), l’économie totale aurait été d’environ 1,6 million de dollars pour les patients et patientes. Ceci équivaudrait à une réduction potentielle de 168 tonnes de CO², soit les émissions annuelles d’environ 18 véhicules automobiles! Comme les efforts de déploiement des modalités de télésanté se poursuivront au CHUM au cours des prochaines années, imaginons les économies possibles lorsque la téléconsultation fera partie intégrante de l’offre de service de l’ensemble des cliniques, lesquelles offrent autour de 425 000 visites de consultation annuellement…

De nouveaux arguments en faveur du virtuel

Cette simple étude du CHUM démontre le potentiel de la télésanté à générer des économies directes pour les personnes qui utilisent les services de santé à l’échelle provinciale. Par la même occasion, cet exercice a permis d’estimer à quel point la prestation de services virtuels pourrait contribuer à l’atteinte des cibles gouvernementales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans un contexte où l’offre de service de télésanté est en plein essor, il est intéressant de mettre en lumière ces bienfaits moins documentés. Il serait souhaitable d’inclure ces facteurs favorables dans la stratégie visant à inciter davantage d’équipes cliniques et de professionnels à déployer des services virtuels, particulièrement pour les téléconsultations. Précisons tout de même que la télésanté demeurera une modalité complémentaire aux soins et services offerts en personne et qu’elle ne pourrait s’appliquer à l’ensemble des situations cliniques. Une chose est certaine : l’équipe Santé connectée du CHUM continuera à suivre de près cette question pour inclure l’argumentaire économique et environnemental aux travaux des membres du Réseau québécois de la télésanté.


Note : Les données présentées dans cet article sont réalistes tout en pouvant encore être améliorées. Elles supposent que les autres éléments de la situation ne varieront pas de façon significative. La matrice sera bonifiée grâce à de nouveaux ajouts, par exemple le temps perdu de l’accompagnateur de la personne admise au CHUM.