Réseau québécois de la télésanté

L’expertise technologique au service des patients et des cliniciens

25 septembre 2025
Par le Centre d’expertise du Réseau québécois de la télésanté

Partager

Analyste informatique au CCT du CHU de Québec-Université Laval, Yves Labrecque met son savoir-faire technologique et audiovisuel au service des équipes cliniques et des patients. Découvrez comment ce passionné contribue, en coulisses, à faire avancer la télésanté au Québec.
Portrait de Yves Labrecque pour la série « Découvrez mon métier en télésanté ».
Yves Labrecque, analyste informatique au CCT du CHU de Québec-Université Laval.

Bienvenue dans ce nouvel article de la série « Découvrez mon métier en télésanté ». Chaque mois, notre équipe va à la rencontre d’un professionnel ou d’une professionnelle œuvrant dans le domaine de la télésanté. En quelques questions, vous découvrez qui sont ces personnes travaillant fort, et parfois dans l’ombre, pour mettre de l’avant la pratique de la télésanté au Québec. Découvrez également comment les modalités de soins virtuels s’intègrent dans leur quotidien.

Pour ce nouveau portrait, nous rencontrons M. Yves Labrecque.

Que faites-vous dans la vie?

Après plus de 12 ans dans le réseau de la santé, je suis aujourd’hui analyste informatique au Centre de coordination en télésanté du CHU de Québec-Université Laval (CCT CHUQ-UL). C’est le nom officiel du poste que j’occupe depuis 2019, mais je me qualifierais plus précisément de « conseiller technologique en télésanté ».

Je travaille avec trois techniciens spécialisés et nous formons l’équipe de support technique du CCT. Ils s’occupent du centre d’appel (support à la clientèle) du Réseau universitaire intégré de santé et de services sociaux de l’Université Laval (RUISSSUL). Côté provincial, ils participent aussi à plusieurs mandats en lien avec le soutien technique.

Pour ma part, mes missions ont évolué avec le temps. Aujourd’hui, je fais principalement du conseil technologique. Mon rôle consiste à accompagner les établissements dans la mise en œuvre de leurs projets liés à la télésanté. Je les conseille et les soutiens dans la conception de solutions technologiques adaptées à leurs besoins spécifiques. Lorsqu’un projet implique plusieurs établissements, il m’arrive de faire le lien entre eux et ainsi faciliter la coordination entre les équipes. Cela me permet d’avoir une vision globale des initiatives en télésanté à travers le Québec et de partager les bonnes pratiques et les innovations aux équipes projet.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler en télésanté?

Ça m’est un peu tombé dessus. Je ne visais pas de travailler dans le réseau de la santé. Avec un bagage de plus de 25 années d’expérience audiovisuelle et informatique dans les médias télévisés (Radio-Canada, TVA et TQS), on m’a offert l’opportunité de rejoindre le secteur de la (télé)santé. Ça a piqué ma curiosité. C’était pour moi l’occasion de conjuguer mon expérience en télévision et mes connaissances avec le domaine de la santé dans lequel ma conjointe évoluait déjà. Je me sens chanceux aujourd’hui de pouvoir contribuer à ma façon, chaque jour, au mieux-être des patients.

J’ai fait mes premiers pas dans le réseau de la santé en tant que technicien informatique en télésanté en 2013 au CCT CHUQ-UL. Ce poste incluait le soutien technologique pour les visioconférences au CHUQ-UL et dans les établissements du RUISSS. J’y ai déployé des équipements de télésanté pour soutenir des projets comme des opérations chirurgicales en direct, la téléthrombolyse ou encore l’urgence en ophtalmologie. Je suis arrivé dans les derniers temps de la visioconférence traditionnelle. Aujourd’hui, avec l’arrivée de plateformes comme Microsoft Teams, Zoom et autres, il y a beaucoup moins de rassemblements physiques dans des salles dédiées aux rencontres à distance.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?

Ce que j’aime le plus, c’est le contact humain. Établir un lien avec la clientèle sur le terrain afin de leur proposer les meilleures solutions technologiques, toujours dans le but d’améliorer les services offerts aux patients.

J’adore aussi aller sur le terrain et travailler en équipe. Par exemple, chaque année, le CCT CHUQ-UL organise une tournée des établissements sur le territoire du RUISSSUL pour le service de téléthrombolyse. C’est l’occasion de prendre le pouls des gens sur le terrain, de donner des formations, des rappels utiles et d’entretenir nos relations interétablissements.

À quoi ressemble votre quotidien en tant qu’analyste informatique?

Il y a rarement de journée type dans mon travail. Souvent, j’organise mes journées en fonction des demandes que je reçois des clients. Cela me mène à effectuer différentes recherches et analyses.

Voici quelques façons concrètes dont je joue mon rôle au quotidien :

  • On me sollicite de façon régulière pour des opérations de veille afin d’assurer le bon fonctionnement de nos différents systèmes (infrastructures, serveurs, etc.);
  • Je développe différents micrologiciels qui permettent l’automatisation de certaines tâches régulières et la surveillance de systèmes critiques (par exemple en télépathologie et imagerie médicale);
  • Je participe à l’élaboration de prototypes (par exemple les chariots de téléthrombolyse);
  • J’effectue des analyses d’impacts sur des ajouts, changements, retraits de systèmes ou d’infrastructures.

La collaboration avec les différents acteurs de la télésanté est aussi au cœur de mon travail.

Avec les techniciens :

  • Analyse des nouveautés technologiques sur le marché et évaluation de produits;
  • Participation aux processus d’amélioration continue pour notre équipe;
  • Appui dans les achats de matériel ou d’équipements.

Avec les équipes cliniques sur le terrain :

  • J’effectue les visites annuelles des salles urgence participantes à la téléthrombolyse de l’Est du Québec accompagné d’un technicien. Ces visites nous permettent de rencontrer le personnel et de mettre à jour les formations du personnel sur place.

Avec les répondants technologiques des établissements :

  • Je suis en contact régulier avec les répondants technologique des établissements du territoire et je participe à des rencontres de projets afin d’apporter mon expertise technique.

Avec le réseau et Santé Québec :

  • Je fais partie de l’équipe des quatre conseillers technologiques des CCT de la province qui interagissent avec Santé Québec;
  • Je suis membre actif de plusieurs communautés de pratique au Québec et ailleurs au Canada;
  • Je participe à des présentations, colloques et formations liés à l’informatique en santé connectée.

Avec les fournisseurs :

  • J’entretiens des liens avec différents fournisseurs et participe à des appels d’offres pour l’achat ou le renouvellement d’équipements.

Pouvez-vous me parler d’un projet marquant dont vous êtes fier?

Je suis fier d’avoir contribué à mettre en place la téléthrombolyse sur notre territoire en 2013. On est parti de rien et les résultats sont extraordinaires pour les patients victimes d’un AVC. Leur rétablissement est plus rapide car ils sont pris en charge immédiatement par des neurologues spécialisés à distance. Cela permet de réduire aussi les frais d’hospitalisation et de réadaptation.

C’était tout nouveau et avec un défi supplémentaire car il s’agit d’un service « chronodépendant » : les patients doivent recevoir le médicament dans une fenêtre de temps très courte. On a donc dû instaurer un système de garde technologique 24/7 et 365 jours par an à la fois à Québec (CCT CHUQ-UL) et à Montréal (CCT CUSM). Par la suite, le service a été déployé sur 21 sites dans l’Est du Québec, entraînant des tâches de coordination et de la formation aux utilisateurs. En 2014, nos collègues des CCT CHUM et CUSM ont poursuivi l’expansion dans le reste de la province.

Aujourd’hui, le projet est toujours actif. Lorsqu’un appel est reçu pour une situation nécessitant une téléthrombolyse, un technicien intervient systématiquement. Il va alors se connecter aux équipements à distance pour s’assurer que la connexion entre le neurologue et la salle d’urgence se déroule correctement. Il reste ensuite disponible pour toute assistance technique. Au moment de cette entrevue, nous travaillons au rehaussement des équipements pour les salles d’urgence (appel d’offres, prototypage, etc.).

Voir l’article Téléthrombolyse : quand chaque minute compte

Un deuxième projet auquel j’ai aimé contribuer c’est l’implantation de la première centrale téléphonique et de la billetterie du Centre de soutien des services numériques en santé (CSSNS). J’ai été le chef d’orchestre de ce projet, qui est l’une des premières billetteries dans le réseau à avoir un hébergement infonuagique. La fusion entre la billetterie du CCT CHUQ-UL et celle du CCT CUSM a donné naissance au CSSNS, qui est aujourd’hui la billetterie provinciale pour les demandes en télésanté.

Quelle est votre plus grande force dans votre travail?

Mon esprit d’initiative et la volonté d’aider dans la pratique de la télésanté pour rendre disponible le service aux patients. Une valeur qui me tient aussi très à cœur, c’est la collaboration. J’accorde beaucoup d’importance au travail d’équipe et au partage des connaissances.

Quel est votre plus grand défi?

Ayant longtemps travaillé dans le secteur privé, intégrer le système public de santé a été pour moi un défi. Il m’a fallu m’adapter à cette nouvelle « vitesse de croisière ». La promotion de la modalité de télésanté n’est pas non plus de tout repos. Ce n’est pas simple de faire connaître la télésanté pour qu’elle soit intégrée aux services de santé traditionnels. C’est encore trop méconnu.

Même si on a beaucoup progressé dans les dernières années, avec notamment l’avènement du Portail RQT et de la communauté de pratique du Réseau québécois de la télésanté. C’est important de continuer à unir nos efforts, à rassembler, partager et rendre accessible toute l’information sur la télésanté et les projets menés, que ce soit au niveau provincial, national ou même international.

Quel super pouvoir vous serait le plus utile dans votre métier?

Aujourd’hui avec l’intelligence artificielle, les pouvoirs sont de moins en moins nécessaires. La qualité des relations interpersonnelles et le travail d’équipe restent essentiels dans l’atteinte de nos objectifs. J’aimerais donc avoir le pouvoir de canaliser les efforts de toutes et tous pour faire avancer la télésanté.

Qu’est-ce qui est le plus important quand on exerce votre profession?

C’est important d’être curieux et de se tenir à jour dans l’évolution technologique (même à l’international!) pour être capable de transmettre ses connaissances et de former les utilisateurs. Pour cela, il faut être en mesure de simplifier et vulgariser la technologie auprès des cliniciens.

Lorsque les cliniciens ont un besoin précis, il faut savoir faire preuve d’initiative pour leur proposer des solutions personnalisées. Il faut être innovant, savoir s’adapter et parfois user de son imagination.

Il est aussi essentiel de toujours penser en fonction des règles d’éthique et des contraintes imposées par le milieu de la santé (cybersécurité, confidentialité des données, etc.).

C’est également important de développer un bon réseau de contacts dans le domaine de la télésanté, autant à l’interne qu’à l’externe (comme les fournisseurs). Cela permet de s’adresser aux bonnes personnes et de gagner en efficacité.

En résumé, je dirais donc qu’il faut avoir un excellent esprit d’analyse et avoir à cœur le service à la clientèle.

Vous travaillez dans le secteur de la télésanté?

Sachez que vous êtes unique et votre façon d’exercer votre métier aussi! Et si c’était vous notre prochain portrait? Contactez-nous pour qu’on en discute : Formulaire de contact pour les actualités du Portail RQTOuverture d’un lien externe (accessible uniquement aux abonnés M365 du RSSS). On a déjà hâte de découvrir votre apport à la télésanté!

Yves Labrecque : Restez connectés, chaque mois découvrez un nouveau portrait.