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Services de proximité en toxicomanie : Le cas de la communauté de Listuguj

22 septembre 2022
Par Blanche Du Sault, Centre de recherche du CHUM

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Vue aérienne de la communauté de Listuguj
Vue aérienne de la communauté de Listuguj, tirée du documentaire « Gespe’gewa’gi: The Last Land ». Crédit : Rezolution Productions Inc., février 2021.

L’accès aux services est un défi de taille en médecine des toxicomanies, particulièrement en région éloignée des grands centres urbains. Cette réalité est particulièrement difficile et complexe pour Listuguj, une communauté Mi’gmaq située près de Ristigouche, sur la rive sud de la péninsule gaspésienne dans l’Est du Québec. Cette communauté fait face à plusieurs obstacles dans l’accès aux services de santé spécialisés, notamment en ce qui concerne les soins liés à la consommation de substances. En effet, il n’est pas toujours facile d’avoir accès à un rendez-vous avec un professionnel de la santé ayant une expertise en toxicomanie pour cette population puisque l’installation de santé la plus proche offrant ce type de services se situe à Maria, à environ une heure voiture.

En réponse à ces besoins, un projet de recherche mené par les Docteures Stéphanie Marsan et Annie Talbot a vu le jour afin de développer des services de prise en charge et de suivi à distance des clientèles présentant des problèmes liés à la toxicomanie. Le but est de pouvoir offrir des services de proximité pour ainsi éviter des déplacements inutiles et ainsi faciliter l’accès aux soins. Cette initiative est menée conjointement par la communauté Listuguj, le CISSS de la Gaspésie et le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Sur le plan clinique, il s’agit d’une réelle innovation dans les façons de faire puisque l’ensemble des partenaires concernés travaille à construire la nouvelle trajectoire de soins utilisant des outils de télésanté, tout en se souciant de consolider les services existants. De manière plus concrète, des téléconsultations permettent aux patients d’avoir accès à des médecins spécialisés en toxicomanies situés au CHUM sans déplacement à l’extérieur de leur communauté, tout en recevant du support administratif, social et culturel à même leur milieu de vie. La sécurité culturelle et le bien-être du patient sont prioritaires dans l’ensemble de ce projet.

Sur le plan de la recherche, les travaux prévoient d’évaluer l’utilité, l’efficacité et les retombées de la nouvelle trajectoire en la comparant à la situation qui prévalait auparavant. Ainsi, il sera possible d’identifier les facteurs de succès et de déterminer les impacts sur la qualité, la sécurité, les coûts et l’expérience des patients et de la communauté. Cette démarche servira à établir un modèle de soins qui pourrait être déployé dans d’autres régions du Québec. Ainsi, l’équipe de recherche élaborera des recommandations pour le développement d’une trajectoire durable et reproductible. Elle procédera également au partage des résultats du projet auprès de partenaires potentiels, notamment d’autres communautés autochtones de la province. Dans le cadre de son mandat suprarégional spécialisé en médecine des toxicomanies, le CHUM souhaite d’ailleurs continuer de déployer ce genre d’initiative, notamment en développant des outils d’enseignement et des mécanismes de communication adaptés aux besoins réels des patients autochtones du territoire québécois.

Une innovation née de la collaboration de tous les acteurs

L’accès aux soins en médecine des toxicomanies est une question de santé prioritaire et complexe qui nécessite la mobilisation et la collaboration de toutes les parties prenantes. Cette initiative innovante permettra d’améliorer la planification et la coordination des trajectoires de services utilisant la télésanté dans ce domaine. Elle favorisera également le transfert de compétences auprès des acteurs du réseau quant à la réalité autochtone et à la médecine des toxicomanies. Enfin, le projet souligne l’importance d’élaborer des pratiques cliniques basées sur les besoins des clients, des communautés et des professionnels, le tout en utilisant des approches de collaboration interorganisationnelle, interdisciplinaire et interculturelle.

D’ici à ce que l’approche puisse s’étendre de manière plus officielle à d’autres régions, l’équipe du projet demeure disponible pour offrir des services-conseils aux acteurs du réseau de la santé et des services sociaux qui souhaiteraient développer des trajectoires de soins en médecine des toxicomanies et en santé connectée.

Dre Stéphanie Marsan : stephanie.mari-anka.marsan.med@ssss.gouv.qc.ca

Dre Annie Talbot : annie.talbot.med@ssss.gouv.qc.ca

Dernière mise à jour : 3 novembre 2022