Réseau québécois de la télésanté

Télétriage à l’urgence : une nouvelle pratique qui promet

4 avril 2024
Par le Réseau québécois de la télésanté

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Quelques hôpitaux de la province ont expérimenté une nouvelle façon d’effectuer plus efficacement les étapes de triage des patients qui se présentent à l’urgence. Une station de télésanté munie d’un écran et d’une caméra permet à une infirmière située à distance de procéder à l’évaluation brève appelée « prétriage ». Une manière de diminuer le temps d’attente tout en faisant un bon usage des ressources hospitalières.
Dame debout devant une station munie d’un écran où apparait une infirmière
Une patiente de l’urgence discute à l’écran avec une infirmière située à distance.

L’idée d’utiliser une modalité de télésanté pour le prétriage à l’urgence est née au CHU de Québec-Université Laval au printemps 2022. À l’origine, l’établissement cherchait des moyens de continuer à bénéficier de l’expertise d’infirmières absentes du « plancher » pour des raisons de sécurité (grossesse, blessure, immunosuppression, etc.). Ainsi, des infirmières aptes à travailler à distance dans un local sécuritaire ont pu venir soutenir leurs collègues de la salle d’urgence après avoir reçu une formation. Du même coup, l’ajout d’une infirmière virtuelle a permis d’alléger la tâche des infirmières sur place.

Concrètement, ça se passe comment?

À son arrivée à l’urgence, le patient est rapidement dirigé vers une station de télésanté munie d’un ordinateur, d’un écran, d’une caméra et d’un lecteur de code-barres pour la carte d’assurance maladie. L’infirmière et le patient se voient à l’écran et échangent verbalement grâce à ce dispositif audio-visuel. L’infirmière installée à distance contrôle les mouvements de la caméra ainsi que l’ordinateur devant le patient.

L’infirmière à distance participe également à la réévaluation des patients en attente. Ces réévaluations doivent se faire périodiquement pour s’assurer que l’état des patients ne se dégrade pas pendant l’attente. Grâce à un accès aux caméras de surveillance de la salle d’attente, l’infirmière à distance peut appeler les patients pour qu’ils se présentent à nouveau à la station de télésanté.

Des gains pour les patients et le personnel

Selon les lignes directrices à l’urgence, lorsque le délai d’attente est supérieur à 10 minutes entre l’arrivée d’un usager et le début de son évaluation complète au triage, l’infirmière doit procéder à une évaluation brève (le prétriage). Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, cet objectif peut parfois s’avérer difficile à respecter. La modalité de télésanté permet d’y parvenir beaucoup plus facilement car l’infirmière attitrée est en surplus de l’équipe sur place.

L’expérience au CHU de Québec-Université Laval a permis d’obtenir d’autres gains importants pour les patients :

  • Le temps d’attente entre le prétriage et le triage dépasse aujourd’hui rarement une heure alors qu’auparavant on pouvait observer des délais allant jusqu’à 3 ou 4 heures.
  • Le taux de réévaluation a augmenté de manière importante passant de 22% à 55%. Le taux de réévaluation est le pourcentage de patients qui subissent au moins une réévaluation pendant leur période d’attente.

Deux infirmières témoignent des avantages de cette pratique :

Quand une infirmière virtuelle en surplus est présente, on voit une grande différence. La charge de travail et le stress diminuent. On peut alors se concentrer sur nos autres tâches comme le tri des ambulances et les réévaluations des patients.

Valérie Vachon

Infirmière à la salle d’urgence du CHUL

Comme infirmière en surplus, je réponds beaucoup plus rapidement à la clientèle qui se présente au prétriage. En plus, avec les équipements à ma disposition je peux communiquer rapidement avec l’équipe sur place si une situation l’exige.

Mélissa Savard

Infirmière à distance à la salle d’urgence du CHUL

Ailleurs dans le réseau

Depuis l’expérience au CHU de Québec-Université Laval, d’autres établissements ont tenté l’expérience avec succès. C’est le cas de certaines salles d’urgences du CIUSSS de la Capitale-Nationale et du CIUSSS de Saguenay-Lac-St-Jean.

Cette pratique pourra maintenant continuer à s’étendre dans les salles d’urgence du Québec. En effet, le ministère de la Santé et des Services sociaux vient de publier des orientations sur l’utilisation de la télésanté dans un contexte d’évaluation brève à l’urgence. Ces orientations viennent encadrer cette façon d’utiliser des technologies simples et accessibles. Tout cela pour le bénéfice des patients, des équipes de soins et des établissements qui souhaitent utiliser au mieux leurs ressources en contexte de pénurie de main-d’œuvre.

La télésanté poursuit son avancée

Le réseau de la santé québécois déploie de plus en plus d’initiatives faisant appel aux technologies de l’information et des communications. Ces moyens, réunis sous le terme « télésanté », sont toujours utilisés de manière complémentaire à l’offre de service conventionnelle. Les équipes de soins font appel à la télésanté pour favoriser l’accès aux services et assurer un niveau de qualité de soins équitable pour tous.

Plusieurs projets et initiatives ont déjà fait l’objet d’articles ici-même sur le site telesantequebec.ca. C’est le cas de la télédermatologie, des soins virtuels en santé mentale, de la médecine des toxicomanies en région éloignée, de la santé des jeunes et de la téléthrombolyse pour le traitement de l’AVC.